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Perspectives des fusions et acquisitions en 2025 : tendances et prévisions

En 2023, la valeur totale des opérations mondiales de fusions et acquisitions a reculé de 17 % par rapport à l’année précédente, selon Refinitiv. Certains groupes industriels, pourtant confrontés à des conditions de financement plus strictes, continuent de privilégier les transactions stratégiques.

Des disparités régionales marquées persistent, tandis que la réglementation se durcit dans plusieurs zones clés. Les acteurs du secteur ajustent leurs stratégies pour composer avec une volatilité accrue des marchés financiers et une incertitude géopolitique persistante.

Où en est le marché des fusions et acquisitions à la veille de 2025 ?

Le marché des fusions et acquisitions s’approche de 2025 dans une ambiance nettement plus mesurée qu’au pic euphorique de 2021. Dès la deuxième moitié de 2023, le volume des transactions a ralenti, confirmant une tendance qui s’installe. Selon PwC France Maghreb, l’activité mondiale a atteint une valeur de 2 900 milliards de dollars sur l’année : un chiffre qui reste bien en-dessous de la moyenne des cinq dernières années, avec un repli d’environ 20 %.

La France s’inscrit dans ce mouvement. Après un début d’année marqué par la prudence, le marché français s’articule désormais autour d’opérations de taille intermédiaire. Les fonds de private equity font toujours preuve de dynamisme, mais l’accès au crédit se complique, la hausse des taux grignote les multiples de valorisation, et le contexte pèse. En Europe, de nouveaux foyers d’attractivité se dessinent, portés par la technologie et la transition énergétique, tout particulièrement.

Cependant, la dynamique sectorielle reste contrastée. Certains domaines, comme la santé, la tech ou la transition bas-carbone, concentrent désormais une part croissante des investissements. À l’inverse, l’industrie, fragilisée par l’instabilité des prix de l’énergie, marque le pas. Le marché M&A mondial, lui, alterne entre signaux positifs et zones de turbulence. Les perspectives pour 2025 obligent à naviguer entre incertitude sur les devises, choix tactiques et recherche d’agilité.

Facteurs clés et signaux émergents : ce qui façonnera les tendances M&A l’an prochain

La hausse des taux d’intérêt reste le paramètre qui redessine le paysage. Les conditions de financement, devenues plus exigeantes, tempèrent l’élan qui animait encore le marché récemment. Les banques sélectionnent avec plus de rigueur, préférant les projets robustes, adossés à des actifs solides ou à une rentabilité avérée. Cette sélectivité se traduit par un nombre d’opérations en baisse et une pression constante sur les valorisations, qui ne retrouvent plus les niveaux de 2021.

Mais l’équilibre ne se limite pas à la dimension macroéconomique. L’intelligence artificielle redistribue les cartes : la tech, la distribution et les services voient fleurir des transactions stratégiques. La digitalisation accélère les mouvements, surtout chez ceux qui cherchent un nouveau souffle ou veulent s’assurer un avantage décisif. Plusieurs signaux méritent une attention particulière pour comprendre les futurs mouvements :

  • La place grandissante de la cybersécurité et de la défense.
  • Le repositionnement des acteurs dans la consommation et les biens de grande diffusion.
  • La réorganisation des chaînes de valeur, sous l’effet de la pression énergétique.

Dans les secteurs établis, tels que l’énergie ou la gestion d’actifs, de nouveaux venus tirent leur épingle du jeu, souvent portés par l’innovation verte ou technologique. En Europe comme en France, il ne s’agit plus seulement de suivre les tendances : les entreprises cherchent à anticiper et à saisir la valeur là où elle se crée, quitte à revoir complètement leur allocation de capital et à miser sur la flexibilité.

Bâtiment futuriste avec reflets des logos d

Quelles perspectives stratégiques pour les décideurs face aux nouvelles dynamiques du secteur ?

Les décideurs abordent 2025 avec des repères bousculés. La gestion du capital occupe désormais une place centrale : la sélectivité devient la règle, aussi bien pour les fonds de private equity que pour les industriels. Les opérations de fusions-acquisitions à l’échelle mondiale reposent sur des critères de robustesse et de création de valeur, bien plus que sur la simple recherche de taille. Les dirigeants évoluent dans un univers marqué par une volatilité persistante, une inflation qui s’accroche et des chaînes d’approvisionnement fragilisées. Les choix deviennent plus pointus, les stratégies de sortie s’affinent.

Voici les priorités qui se dessinent pour tenir la distance :

  • Renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement : les perturbations récentes l’ont prouvé, intégrer le risque géopolitique et multiplier les alternatives logistiques s’impose pour sécuriser toute opération M&A.
  • Réorienter le capital vers les secteurs porteurs : technologie, défense, actifs décarbonés ouvrent de nouveaux débouchés, surtout en Europe et au Canada.
  • Prendre une longueur d’avance sur les exigences réglementaires : les opérations transfrontalières exigent une préparation juridique poussée, alors que les politiques industrielles évoluent rapidement.

La gestion d’actifs s’ajuste : les fonds privilégient des sorties plus rapides et révisent leurs attentes en matière de valorisation. Dans ce contexte, investisseurs comme dirigeants devront faire preuve d’une agilité accrue, alors que les transactions stratégiques se raréfient mais gagnent en impact.

Pour la France et l’Europe, miser sur les secteurs d’avenir et opter pour une gestion flexible du capital devient une nécessité. La compétition monte d’un cran, les marges de manœuvre se réduisent. Les prochaines grandes manœuvres du secteur mettront à nu la capacité des acteurs à combiner vision stratégique et art de la résistance. La partie se joue désormais sur l’endurance et la lucidité.